Good Kill - d'Andrew Niccol - 2014
Major Egan est un pilote de drones, qui bombarde des cibles en Afghanistan depuis sa base de Las Vegas. Déprimé quant à son job et sa vie de famille vacillante, voilà que la CIA le charge d'effectuer des frappes sur les cibles pointées par l'agence de Langley.
Comme si Egan jouait à Dieu.
Film assez glaçant, Good Kill nous plonge dans cette guerre qui n'en est pas une. Une guerre synthétique. D'ailleurs, le choix de Las Vegas pour l'action n'est pas anodin. Le film s'ouvrant presque sur une fausse Tour Eiffel.
Et c'est cette ambivalence entre réel et synthétique qui va porter le film, le personnage d'Egan et sa dépression. Est-il un vrai pilote, oeuvre-t-il vraiment pour un quelconque bien ? Sur ce point, pourtant passionnant, Andrew Niccol est un peu trop didactique. Mais il rappelle quelques réalités bonnes à entendre, en particulier sur le rôle peu flatteur de la CIA.
L'autre thème du film est la difficulté de mettre à distance la guerre dans le quotidien du pilote qui tue des Afghans la journée et rentre à la maison le soir. Egan, encore, flotte comme un damné dans une réalité qui le touche moins que ses écrans de drones.
Malgré une intrigue personnelle bien écrite, et une interprétation de Ethan Hawk sans fausse note, Andrew Niccol offre au personnage une porte de sortie facile, manichéenne, et avec une notion de la justice beaucoup trop américaine pour être de bon gout.
Reste la réalisation, d'une froideur de mort, qui donne sa force à ce film et à ces images filmées de haut, où l'on voit s'éteindre des vies, comme si Egan jouait à Dieu.
Malgré son thème profondément intéressant, Andrew Niccol semble ne pas être aller au fond de son propos et souffre ainsi de la comparaison avec les grands films de guerre. Moins cynique que Lord of War. Bien moins saisissant que Gattaca. Cependant mieux écrit que son récent In Time. Reste que Good Kill, loin d'être un ratage, reste un bon rappel de ce que l'on appelle une guerre propre.
3/5
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