The Land of Hope - de Sono Sion - 2012
Dans la préfecture (fictive) de Nagashima, peu après l'accident de Fukushima, survient un nouvel accident nucléaire. L'histoire se répète, tremblement de terre et tsunami, et toute la zone est irradiée. Yasuhiko et Cheiko sont un vieux couple. Ils vivent avec leur fils Yoichi et sa femme Izumi. La zone d'évacuation de 20 km s'arrête pile dans leur jardin. Aussi ne sont-ils pas évacués. Mais tous sont partagés entre la décision des autorités de les laisser vivre sur place et la peur de l'irradiation qui serait sciemment dissimulée par les autorités.
Excellent sur tous les tableaux, [...] The Land of Hope est une nouvelle pépite du génial Sono Sion !
Un an seulement après Fukushima, Sono Sion sort cet incroyable Land of Hope. Que les habitués des turpitudes extrêmes du maitre soient prévenus, il y a ici un vrai changement de ton. The Land of Hope est un film réaliste et engagé.
Ici, point de scène catastrophe. Sono Sion choisit de filmer les réactions des gens face à la crise. Comment des vies sont bouleversées, d'autres détruites. Comment certains se relèveront et d'autres ne le pourront pas. Comment tous font face à la menace plus que sérieuse de l'irradiation nucléaire.
Car les autorités japonaises n'avaient pas brillé par leur communication. Cachant la vérité autant que possible, ils avaient laissé de nombreuses personnes être irradiées et consommer des produits radioactifs. Sono Sion a voulu ce film comme un témoignage, pour raviver la mémoire d'un accident dont il imaginait (à raison) qu'il serait trop vite oublié.
Et il ne fait pas les choses à moitié. Les scènes de villes détruites sont criantes de vérité. C'est tout à fait normal car Sono Sion est allé filmer les scènes directement dans les zones interdites de Fukushima. Il s'agit presque des seules images des villes détruites, le gouvernement s'étant empressé d'enlever et reconstruire sur les ruines.
Pour ajouter encore au réalisme, Sono Sion a construit son scénario à partir d'anecdotes qu'il a recueillies auprès de survivants de la catastrophe. Par exemple, la zone d'évacuation des 20 km s'arrêtant au milieu d'un jardin est véridique.
Mais revenons au film... Sono Sion suit en particulier 3 couples. Les vieux, Yasuhiko et Cheiko, sont bien entendu attachés à leur terre et peu soucieux de l'irradiation désormais. Mais Yasuhiko veut tout faire pour éloigner son fils et sa femme. Enfin, la petite amie du fils du voisin (qui ont donc été évacués) a vu sa maison et sa famille emportée dans la catastrophe.
Par la multiplicité des points de vue, Sono Sion réussit à rythmer son film, et à aborder de nombreuses situations. Encore une fois, il démontre sa maitrise dans l'écriture de scénarios complexes. Même si c'est cette fois-ci pour le drame et non le thriller.
Bien évidemment, la réalisation et bien plus sobre que pour ses morceaux de bravoure précédents. Mais l'usage d'une couleur froide nous rend parfaitement l'ambiance de fin du monde qui accompagne la catastrophe. Seules les fleurs du jardin amènent un peu de couleur.
Excellent sur tous les tableaux, avec un message fort et une réflexion profonde sur le nucléaire, et sans misérabilisme aucun, The Land of Hope est une nouvelle pépite du génial Sono Sion !
4/5
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