Junk Head - de Takahide Tori - 2017

Alors que l'humanité a atteint une théorique immortalité, un virus décime ce qui reste de la civilisation. Un Humain est alors envoyé dans les sous-sols de la ville pour étudier comment les créatures des bas-fonds parviennent à se reproduire. Il est presque immédiatement abattu. Ce qui reste de lui est greffé à un petit robot par quelques étranges habitants.

Tori donne littéralement vie à l'univers de Nihei.

Bienvenue dans l'univers de Takahide Tori. Ou devrais-je dire bienvenue dans l'univers de Tsutomu Nihei. Car le premier puise indéniablement son inspiration dans les mangas du second.

Ainsi en avant-propos, je souhaiterais vous inviter à vous plonger dans l'univers dantesque, claustrophobe, génial et trop méconnu de Nihei. Et tout particulièrement de son chef d’œuvre (s'il fallait n'en choisir qu'un), Blame !. L'histoire d'un jeune homme plus ou moins indestructible qui est à la recherche d'humains porteurs de gènes non corrompus dans une ville souterraine aux dimensions infinies.

Ici, Tori reprend la ville incommensurable de Nihei avec une faune souterraine quasi minérale, cousine de celle que l'on découvre dans Aposimz, autre série de mangas du maitre. Il y fait des ajouts, quelques modifications, et s'approprie cet univers pour en faire une œuvre singulière, à l'instar de la très bonne BD Ion Mud d'Amaury Bündgen.

La différence majeure entre les 2 œuvres tient dans l'ambiance. Tori arrive à ponctuer son univers très sombre de saillies comiques très réussies. Cette balance entre sérieux et légèreté donne au film un rythme de promenade tranquille. On hésite sans cesse entre le conte philosophique et la farce, le premier et le second degré se mélangent pour donner une formule dont seuls les Japonais ont le secret.

Et parce qu'il est impossible de parler de Junk Head sans parler technique, soulignons la prouesse derrière ce film d'animation. 7 années auront été nécessaires pour animer image par image (!!) les 100 minutes de film. Les mouvements sont d'une fluidité époustouflante, et les détails dans les décors comme dans les personnages un régal pour les yeux. Tori donne littéralement vie à l'univers de Nihei et à ses personnages qu'il y a placés.

Autre similitude avec Blame !, le héros de Junk Head semble à peu près immortel. Mais beaucoup moins létal que son modèle. Et comme lui il erre dans ces espaces sans fin après un but qui semble impossible à atteindre, renforçant les sensations de perte de repère et de claustrophobie.

Amateurs de mangas, d'animation, d'univers singuliers ou de hard SF ? Vous y trouverez pour sûr votre compte. Les autres auraient bon gout aussi de tenter l'aventure. Et dans tous les cas, n'hésitez pas non plus à vous ruer sur l'excellentissime manga Blame !. Fin d'une chronique qui fait d'une pierre deux coups.

IMDB

4/5 - Estampillé Film de Z pour son univers unique et étrange.