Color Out of Space - Richard Stanley - 2019

Nathan Gardner et sa famille sont nouvellement installés dans la campagne de la Nouvelle Angleterre. Ils profitent d'une vie loin du bruit de la ville jusqu'à ce qu'une météorite étrange n'atterrisse dans leur jardin. Phénomène que l'hydrologue Philip Ward, venu pour étudier le projet de barrage près d'ici, suit de près. A partir de là, les évènements les plus étranges vont se passer.
Des alpagas !!
J'avais rencontré Richard Stanley il y a un peu plus de 10 ans au festival Cinextrême (à la Cinémathèque de Toulouse), alors qu'il venait présenter son premier film, le très sympathique et méconnu Hardware (1980). C'est donc avec une certaine nostalgie que j'allais voir ce Color Out of Space, à nouveau en présence du réalisateur et toujours dans le cadre du festival Cinextrême.
Color Out of Space (La Couleur Tombée du Ciel en français) est l'une des nouvelles les plus connues de l'écrivain maitre de l'horreur H. P. Lovecraft (1890-1937). Écrivain fort connu pour avoir inspiré tout le monde de l'horreur et du fantastique au sens large. Les Grands Anciens savent qu'il est difficile d'adapter un écrit de Lovecraft. En effet, ses descriptions se basent en général sur la négation, les personnages étant face à des créatures indicibles.
Des adaptations de Lovecraft, on en trouve une quantité incroyable. Parmi les meilleurs, citons Re-Animator, de Bryan Yuzna, et The Thing de Carpenter, même si ce dernier n'est pas directement adapté de Lovecraft, mais seulement inspiré par. Color Out of Space s'inscrit dans la fière lignée des 2 films pré-cités.
Avant tout, la bonne idée de Richard Stanley est d'adapter la nouvelle sans lui être fidèle. Et ce de 3 manières. Tout d'abord, il déplace l'action dans le temps, des années 1880 à aujourd'hui. Ensuite, les personnages du films sont remplacés par une famille directement inspirée de la sienne, rendant l’œuvre très personnelle. Enfin, il intègre une horreur visuelle proche de celle de Carpenter dans The Thing (explicitement cité) qui est quasi absente de la nouvelle (de mémoire).
Parlons du scénario. Les amateurs de Lovecraft seront en terrain connu puisque la trame de la nouvelle est gardée, cf. mon résumé. Mais Stanley y surexpose des thèmes personnels et familiaux, la décrépitude de sa mère face au cancer notamment. Cette dimension étoffe les personnages et les crédibilisent.
Des personnages campés par des acteurs investis, Nicolas Cage en tête. Oui, Nicolas Cage ! De l'aveu de Richard Stanley, les financements sont arrivés quand il a rejoint le tournage. Et le réalisateur a connu, avec Color Out of Space, son tournage le plus facile. Autour de lui, les autres acteurs, beaucoup moins connus, s'en tirent à merveille. Notons le choix d'un acteur noir pour Philip Ward, alter ego d'Howard Philip Lovecraft, et le rôle prépondérant des personnages féminins. Des clins d’œil à l'écrivain connu pour son racisme et sa misogynie.
Pourquoi vous aimerez ce film ? Pour ses alpagas. Nathan Gardner (Nicolas Cage) a des alpagas dans sa grange. Des alpagas !! Pour son visuel très réussi. Avec des moyens que l'on sent modeste, Richard Stanley fait magnifiquement vivre l'étrangeté. Pour son horreur jusqu'au-boutiste surtout, amenée comme un long crescendo. Un cauchemar éveillé dans lequel les personnages sont quasiment démunis. Dans lequel la survie n'apparait pas forcément comme le meilleur choix. Et en cela, l’adaptation de Lovecraft est une réussite.
Pourquoi vous n'aimeriez pas ce film ? Pour son horreur jusqu'au-boutiste. Personnes sensibles s'abstenir. Tous les autres s'y perdront avec bonheur.
4/5 -- Estampillé Film de Z pour ses visions de cauchemar.
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