Once Upon a Time... in Hollywood - de Quentin Tarantino - 2019

Rick Dalton est un acteur un peu raté, qui a pour particularité d'avoir son cascadeur et ami qui le suit partout, et d'être voisin du couple Polanski - Sharon Tate. Alors que lui tente de relancer sa carrière, son cascadeur super cool traine dans son voisinage, et Sharon Tate savoure le début de sa petite carrière d'actrice.
Les gens iront voir les films de Tarantino même si je leur dis que c'est de la merde.
Chroniqué il y a très peu, Reservoir Dogs envoyait Tarantino sur orbite. Depuis Pulp Fiction, le niveau baisse irrémédiablement, et seul le Boulevard de la Mort m'avait redonné espoir. Mais depuis quelques films, Tarantino a attrapé un bien vilain défaut qui rend ses films presque nauséeux, j'ai nommé la Colère Divine du Réalisateur Génial (CDRG).
Cela a commencé avec Inglorious Basterds. Tarantino invoquait la CDRG pour venger les Juifs. Plutôt que d'interroger ce qui avait amené les nazis à agir ainsi, de regarder comment des Juifs ou des résistants avaient pu survivre (ou périr) sous l'occupation, lui filmait quelques trublions qui allaient botter les culs des nazis. Niveau bon gout, nous repasserons. Le film m'avait laissé un réel malaise. Le sujet était trop gros pour Tarantino, dont le film hésitait entre Le Pianiste et Iron Sky. Comme si cramer Hitler pouvait soulager ou contrebalancer la mort des Juifs cachés dans la terrible et superbe scène d'ouverture.
Puis Tarantino a récidivé avec Django Unchained. En plus de pomper sur Takashi Miike (et son déjanté Sukiyaki Western Django) l'idée de réactualiser le western Django, il nous livre une vision quelque peu dérangeante de son fantasme anti-esclavagisme. Quand les Noirs sont déchiquetés par les chiens, la scène retourne les tripes. Et les 3 premiers quarts de la pellicule, filmés avec réalisme, montre toute la violence de l'esclavagisme avec brio et même talent. Et d'un coup la CDRG frappe à nouveau, et les esclavagiste se font démolir par un Noir, à grands renforts de ralentis esthétisants et de violence fun. En décalant ses niveaux de violence, Tarantino m'a de nouveau mis mal à l'aise. A nouveau il ne semble pas savoir comment traiter un sujet trop gros pour lui, alors ne lui reste que le massacre. Et il saborde son propre film.
Après la parenthèse tout à fait oubliable de Les Huit Salopards, nous repartons pour un petit tour de CDRG. Que les choses soient clair : la suite de cette critique contient de nombreux spoilers. Si vous comptez voir ce film bientôt, sauvez-vous !
Dans Once Upon a Time..., Tarantino est en colère contre ce qui est arrivé à Sharon Tate. Et on le comprend : elle fut éventrée alors qu'elle était enceinte par les cinglés de la bande à Charles Manson. Dans le film, tous les personnages nommés de la bande à Manson sont réels. Y compris le vieil aveugle George. D'abord, Tarantino tente de réhabiliter Sharon Tate en tant qu'actrice. L'effort est louable et touchant, mais sera détruit par la fin du film. Car tout ce que Tarantino a à opposer aux tarés de la bande à Manson, c'est la violence crue et directe de 2 Américains super cool. Le réalisateur se délecte de leur souffrance, leur faisant subir moult atrocités. Comme si cela vengeait d'une quelconque façon la mort de Sharon Tate. Comme si cela pouvait , même à peine, consoler du massacre d'un bébé à naitre. Les 15 dernières minutes (environ) sont d'une stupidité ahurissante et entachent tout ce que j'avais apprécié du film.
Pour ce qui est du reste, on oscille entre quelques moments de grâce, surtout dus à Brad Pitt qui est éblouissant, un peu d'humour, et pas mal d'ennui. Le film m'a laissé déçu par un réalisateur que beaucoup annonçaient de retour avec ce film, et en colère contre ce gamin colérique qui venge les injustices réelles à coup de fictions violentes légitimant une hiérarchie du meurtre et de la violence plus que dérangeante.
Plus je pense à ce film, et plus il pourrit dans mon esprit. Il y a peu de chances que je le renvoie un jour. A recommander à personne mais les gens iront voir les films de Tarantino même si je leur dis que c'est de la merde. Et c'est bien normal. D'autant qu'ils pensent bien souvent le contraire en sortant !
1/5
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