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La Belle Noiseuse - de Jacques Rivette - 1991

Publié le par Z

Edouard Frenhofer est un vieux peintre qui ne peint plus depuis 10 ans. Il n'a jamais fini son dernier tableau, La Belle Noiseuse. Aussi, quand un jeune peintre lui rend visite avec sa belle compagne, il entreprend de reprendre son tableau avec elle comme modèle.

Rivette arrive à transcender son sujet.

 

Avec ses 4h00 de pellicule, il aura fallu bien de la patience pour trouver un créneau à consacrer à cette Belle Noiseuse, que je voulais voir depuis longtemps. Heureusement, sa présence dans la sélection mensuelle de La Cinetek (ici) m'a un peu forcé la main. Pour le meilleur !

Jacques Rivette décrit ici la relation entre un peintre et son modèle. Le sujet est assez casse-gueule car pas très intéressant par lui-même. Mais Rivette arrive à transcender son sujet.

Tout d'abord, la longueur du film, qui peut sembler excessive, sert totalement son sujet, car elle nous fait vivre le temps long de la création. Le tableau ultime de Frenhofer est en effet recherché à travers de (très) nombreux essais, demandant de nouveaux efforts à l'artiste comme à son modèle.

La souffrance physique de Marianne (Emmanuel Béart) est ressentie au travers de ces longues séances de dessin accompagnées par le seul son de la plume grattant le papier. Ce son entêtant arrive en réponse au chant des cigales. Un fois la porte de l'atelier fermé, seul la plume a le pouvoir d'envahir l'espace de cette prison.

Il faut aussi souligner la précision des dialogues. Le premier quart d'heure durant lesquels tous les personnages œuvrent consciemment ou non vers l'acceptation de Marianne de poser pour Frenhofer est un modèle d'écriture.

Enfin, une mention à tous les acteurs, réellement exceptionnels, Michel Piccoli et Emmanuel Béart en tête. Voilà qui en impose sérieusement. C'est du jeu fin, riche, juste, en un mot parfait. Bravo à Rivette pour une conduite d'acteur au poil. Ceux qui comme moi sont allergiques à la nouvelle vague peuvent se rassurer.

Tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de La Belle Noiseuse un très grand film, et me donner envie d'aller plus avant dans la filmographie de Jacques Rivette. Si le même traitement avait été accordé à un sujet plus proche de mes intérêts, je n'aurais pas hésité à décerné un 5/5 à un tel film.

IMDB

4/5

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