France-Argentine - Coupe du Monde - 2018

Vous avez sans doute noté, si vous suivez ce site internet, que mon rythme est tout sauf stakhanoviste. Et c'est encore pire en ce moment. La faute à la coupe du monde de football qui occupe mon temps de vision disponible avec plus ou moins de bonheur. L'occasion de s'arrêter sur ce France-Argentine du samedi 30 juin 2018, chef d’œuvre du genre.
L'Inspiration avait frappé.
Les acteurs ont été merveilleux. Les têtes d'affiche, Messi et Griezmann, ont presque été effacées par la star montante M'Bappé, qui jouait là son plus grand rôle. Sans être une révélation, le jeune Kylian trouve enfin un personnage à sa mesure. Devant, Giroud excellait dans son deuxième rôle, véritable faire-valoir du flamboyant M'Bappé. Kante distribuait les ballons comme d'autres les tirades, avec une précision et un sens du rythme parfait. Même Benjamin Pavard, au jeu habituellement bégayant, s'est offert sa scène phare, alignant une frappe que le talent et le travail seuls n'expliquent pas. L'Inspiration avait frappé. Seul le malheureux Hugo Lloris n'a pas été à la hauteur de son rôle, faisant pâle figure face au reste de la distribution.
Que dire du scénario ? Non seulement imprévisible, il s'est révélé à multiples rebondissements, jouant sur toutes la panoplie des émotions. Débutant comme un pur film d'action jubilatoire, la scène clé d'Angel di Maria faisait balancer le spectacle vers le mélo, voire la tragédie. C'est l'Inspiration de Pavard qui remet le spectacle sur les rails du thriller : tout peut arriver, le pire comme le meilleur. Heureusement, l'éclair M'Bappé offrait une fin lumineuse à cette épopée.
Car après tout, pourquoi regarder des gens jouer au foot ? Évidemment pour la performance. Comme au cirque, les exploits physiques, techniques et stratégiques sont parfois bluffants. Le suspense ensuite. Contrairement à un film, un livre ou une pièce de théâtre, personne ne connait la fin de l'histoire. Et la passion du supporter enfin. Se projeter dans son équipe permet de transcender les émotions. S'il faut accepter dignement la défaite, il faut aussi savourer pleinement ses victoires.
A la manière d'un théâtre d'improvisation aux règles strictes mais aux possibilités infinies, le foot nous offre parfois des parties d'anthologies, d'autant plus jouissives qu'elles sont assez rares, comme les pépites cinématographiques visualisées entre deux films oubliables et un navet. Ce match était de ces pépites.
2018, grâce à l'arbitrage vidéo, nouvelle contrainte dans ce théâtre, de nouvelles variations sur la gamme des sentiments apparaissent. Comme en leur temps le but en or ou le but en argent. D'infimes variations qui viennent sans en avoir l'air renouveler ce spectacle infini.
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