Imitation Game - de Morten Tyldum - 2014
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Voici l'histoire d'Alan Turing, un des père de l'informatique, qui a déchiffré Enigma, la machine de cryptage de l'Allemagne nazie, participant ainsi largement à la victoire des Alliés, et qui connut un destin tragique.
Voici un sujet passionnant. La vie d'Alan Turing suffirait à elle seule à écrire une superbe trilogie sans avoir à modifier une seule ligne de sa vie. De sa montée vers le projet Victoria, du poids des responsabilité ensuite, et enfin sa fin tragique.
Mais voilà, Tyldum a préféré faire de Turing (qui dans la vraie vie était un grand sportif, voyageur et très ouvert) un autiste hyper introverti. Parce que les spectateurs sont trop débiles pour comprendre que l'homme est un génie des maths s'il ne se comporte pas comme Dustin Hoffman dans Rain Man. En plus, chacun sait qu'on ne peut pas être homosexuel sans en tenir une sacrée couche.
Pourquoi le projet Victoria a-t-il été renommé Christopher ? Certainement pour asséner cette contre-vérité, à savoir que Turing était amoureux de ses machines, sans doute. Fantasme improbable et stupide du scénariste.
Pourquoi rajouter un espion russe qui a vraiment existé mais n'a jamais rencontré Turing ? Pour fantasmer, là encore, que Turing était prêt à de la haute trahison pour cacher son homosexualité. C'est bon, c'est fini les conneries ?
Et non ! La plus belle : le scénariste n'est même pas capable de faire expliquer par son Turing le titre de sa plus célèbre publication : "The Imitation Game". Dans celle-ci, il explique qu'une machine capable d'imiter en tout point la conscience devra être considérée comme consciente. Il remplace cette simple explication par un charabia stupide sur la différence. (A ce moment, on ne sait même plus s'il parle de son homosexualité, de sa trisomie imaginaire, ou du scénariste du film.)
Enfin, la chute de Turing est totalement bâclée en 10 minutes insipides. Ceci est d'autant plus étonnant que le film se finit sur un pamphlet contre les lois homophobes, sans que ce thème n'ait jamais été exploré pendant le film.
Je passerai très vite sur les rôles secondaires, écrits avec une subtilité que ne renierait pas le peintre en bâtiment. Seule le personnage de Joan Clarke, jouée par une Keira Knightley convaincante et étonnamment proche de son modèle réel, se révèle intéressant.
Au final, Imitation Game est juste sauvé du fiasco total par son sujet, le passionnant Alan Turing à la vie glorieuse, secrète et tragique. Mais je préfère vous recommander sa page wikipedia.
1/5
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